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10 Avr 2013
  • Mike Oldfield : Grand Piano, Glokenspiel, Farfisa Organ, Bass Guitar, Electric Guitar, Speed Guitar, Taped motor drive amplifier organ chord, Mandolin-like Guitar, Fuzz Guitars, Assorted Percussion, Acoustic Guitar, Flageolet, Honky Tonk, Lowrey Organ, Tubular Bells
  • Invités :
    • jon field : Flutes
    • lindsay cooper : String Basses
    • manoir choir : Girlie Chorus
    • mundy ellis : Girlie Chorus
    • nasal choir : Nasal Chorus
    • sally oldfield : Girlie Chorus
    • steve broughton : Drums
    • viv stanshall : Master of Ceremonies

 

"Comment bâtir un phénomène, une légende ? Petite leçon de chose et retour en 1971. Le jeunot MIKE OLDFIELD est alors un bassiste d'à peine 18 printemps (ou plutôt hiver vu le mental en friche du bonhomme) à peine, introverti à en creuver, porté sur la guiness (forcément) et phobique à souhait. Après deux albums auprès de Kevin Ayers (ex Soft Machine), il souhaite poursuivre le grand nulle part, musique en tête. Deux années de composition s'ensuivent avec son lot d'obsessions grandes gueules, amples et torturées comme il se doit. L'inspiration est classique et cavale derrière BACH, RAVEL et SIBELIUS mais dépasse le simple cadre du pompage factice. Oldfield veut quelque chose de neuf, d'unique, capable d'ettayer ses turpitudes.

Démos à l'appui, il parvient à convaincre Richard Branson, jeune loup de la production musicale un peu azimuté mais au flair commercial très développé, et se voit invité au Manor, studio luxueux fraichement aménagé par le futur milliardaire. Son physique ascétique d’illuminé et son talent évident le font se rapprocher de l'ingénieur du son Thomas Newman. ensemble, ils partent à la recherche d'une certaine idée du Graal musical. Mike Oldfield s’acharne sur la quasi-totalité des instruments qui lui passent entre les pognes. Improvisations. Écriture. Réécriture. Effacer. Recommencer. Jusqu'à l'épuisement.

De ce délire incandescent va peu à peu surgir une composition de près d'une heure, sans une once de potentiel commercial. Refus catégorique des labels sauf si Oldfield consent à ajouter des paroles et à faire intervenir un chanteur. C'est l'impasse jusqu'à ce que Branson décide de fonder un nouveau label, Virgin et de faire de ce Tubular Bells invendable sa tête de gondole. Cette géniale intuition de miser sur une oeuvre « invendable » et « névrotique » enclenche le mode historique. Les 16 millions d’exemplaires vendus assureront l’empire financier de l’un et les obsessions durables de l’autre. Oldfield venait d'accoucher d'une oeuvre simplement monstrueuse.

Les thèmes envoient galoper claviers, cuivres, choeurs anarchiques ou élégiaques, lignes brisées et flots incandescents. Ultime signature : cette guitare qui deviendra rapidement sa signature, à la fois tranchante, crunchy, distordue et aérienne. Plus que des mots, elle révèle un jeune homme surdoué mais paniqué. Phénomènal.

La magie opère à plein. Ces cloches tubulaires rendues mondialement célèbres après la subtile exploitation de son gimmick introductif (coucou "L'exorciste" et merci pour le grammy award de la meilleure composition intrumentale en 75) s'imposent dès lors comme un album sophistiqué et novateur. Une production impressionnante (malgré l’insatisfaction de son auteur), en clair-obscur au long de passages sans complexe, éthérés voire éthiliques ou à motifs répétitifs, obessionnels. Les greffons audacieux et fertiles en rebondissement opérés entre rock et musique classique permettent surtout à Mike Oldfield de créer la première pièce d'un édifice musical qui chatouillera les sens. Une sorte de Citizen Kane que la presse et le public assimilera faussement au monolithe incontournable d'une oeuvre en devenir. Tubular Bells et sa pochette étrange-idéale frappait fort. De ses imperfections, au cœur même du sujet, fulminait les névroses de son auteur. Le résultat nourrira longtemps les fantômes de son enfance.

Cyrille Delanlssays"

 

Note technique : 13/20
Préférer la réédition de 2009.
Référence :  Virgin
Année :  1973
Liens :  

 

 

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